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Crossfit

La potentiation par post activation ou PAP

Sommaire


ABSTRACT

L’historique musculaire (échauffement par exemple) qui précède une activité physique peut affecter la génération de force et de puissance selon un phénomène que nous appelons la Potentialisation par Post-Activation ou PAP. Bien que les types de contractions musculaires exécutés durant l’échauffement général et spécifique puissent affecter la performance en termes de puissance et de force, peu d’informations existent sur leurs effets réels. En effet, nous en sommes toujours à l’expérimentation sur le terrain malgré un nombre important d’études. Cet état de fait provient certainement du peu de visibilité de ces études ainsi que des non concordances ponctuelles ou globales entre elles. Pourtant, empiriquement, nous avons tous observé, de manière aléatoire, la présente du PAP. Nous avons tous remarqué, au CrossFit, des tirages de malade au rameur après un gros Deadlift ou un PR au Squat Clean !

L’objectif de cette publication est de centraliser les dernières études liées à ce phénomène de PAP afin de tenter d’en retirer une utilisation pratique. Ainsi, comme nous le verrons, le PAP existe bien, de manière non aléatoire, mais il est conditionné à de multiples facteurs assez ardus à maîtriser sans une personnalisation extrême de l’entraînement ou tout du moins de la mise en pratique de la potentiation. Il est lié à la condition physique ponctuelle (instantanée) de l’athlète, son niveau d’expertise dans son activité mais également dans l’activité qui servira de PAP, à l’activité cible et enfin à la cible musculaire de cette activité sportive.

Ainsi, au fur et à mesure de l’avancement des différentes lectures, la potentiation apparaît comme viable et optimisée en cumulant un exercice très lourd puis un contraste avec de la pliométrie spécifique au sport visé. Les athlètes les plus performants dans les sports explosifs ou de force bénéficieront de la plénitude des bienfaits du PAP.

Après réflexion à partir de ces études sur la Potentiation, nous arrivons à un schéma de mise en place qui semble assez robuste :

Exercice max → Récupération partielle → Exercice pliométrique → récupération complète → Performance sportive.

Public(s) visé(s)

Pratiquants de tous les sports nécessitant de l’explosivité et/ou de la vitesse. Le niveau des pratiquants doit être élevé.

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DÉVELOPPEMENT

Base de connaissance existante

La Potentiation, phénomène hautement intéressant pour les athlètes, est la recherche de l’élévation du niveau post-compétition (ou post-entraînement) afin de produire les performances les plus importantes possibles. L’échauffement, par exemple, est un PAP puisque son objectif est d’élever le niveau de l’athlète pour lui permettre d’atteindre son potentiel à la fin de celui-ci. Néanmoins, dans l’usage, le PAP est la recherche de sublimation de ce niveau ‘habituel’ pour tenter, au travers un programme spécifique, de dépasser le niveau maximal et momentanée de l’athlète pour qu’il fournisse plus d’effort que possible.

La Potentiation est tout d’abord arrivée empiriquement. Les coaches ont remarqué que leurs athlètes, en produisant des efforts préliminaires importants, pouvaient produire plus de force ou de puissance qu’à l’ordinaire. Seulement, cette production accrue n’est pas linéaire, maîtrisable. Certains assimilent cette potentiation à un effet de contraste. En effet, la Potentiation est souvent utilisée sur des mouvements partiels (voir isométriques) avec des charges supérieures à l’ordinaire. Ainsi l’idée reçue que c’est la baisse de charge suivante qui pourrait être la cause de cette capacité accrue. Pour expliquer ce phénomène de contraste, la psychologie et la neurologie sont souvent utilisées.

La loi de Fechner permettrait en effet d’expliquer ce surplus de force ou de puissance inexpliquée. La loi de Fechner indique que les organes sensitifs ne détectent les variations (de charge pour nous) par paliers de 10%. Ainsi, en mettant 10% de plus que la force souhaitée, en revenant à la charge de compétition l’organisme ‘ressentirait’ une réelle différence de charge et donc pourrait annihiler certaines réflexes musculaires limitant les performances (shuntage des réflexes de protection). C’est pourquoi il arrive souvent, quand un athlète n’arrive pas à produire un mouvement (par exemple un squat à 200 kg), nous proposons d’effectuer une répétition excentrique à +220 kg avant de retenter la performance. Cela fonctionne, parfois. La loi de Fechner pour la pratique sportive implique pour certains l’inhibition des réflexes musculaires, pour d’autres une élévation du seuil d’excitabilité du muscle.

L’effet contraste pourrait aussi apporter un plus psychologique (l’importance de la charge serait telle qu’elle donnerait l’impression à l’athlète, revenu à sa pratique ‘normale’, d’avoir une impression de grande facilité (petit retour sur la loi de Fechner) et le libèrerait des résistances psychologiques que pourraient induire une compétition, un exercice à la limite de ses capacités, etc.

Ces phénomènes (Neurologique et psychologique) pourraient être des réponses au pourquoi de la Potentiation, sans être les seuls. Toutefois, ils ne répondent pas à la question hautement plus importante : le comment de la Potentiation.

De manière moins empirique, des études ont été faites pour démontrer l’existence de ce PAP et tenter d’en résoudre le fonctionnement.

Ainsi, le mécanisme responsable du PAP le plus cité est la phosphorylation des chaînes légères de myosine utilisées lors de la contraction de préparation qui augmente la sensibilité de l’actine-myosine au Ca2 + libéré par le réticulum sarcoplasmique (1, 2). La sensibilité de l’interaction actine-myosine au Ca2+ libéré par le réticulum sarcoplasmique serait augmentée, en modifiant la structure de la tête de myosine, qui se traduit par l’établissement d’une plus grande génération de force des ponts protéiques (3).

En gros résumé, comme on active un morceau de plastique en le frottant pour qui aimante les poussières, on active certains éléments de la fibre musculaire pour qu’il capte plus vite le Calcium.

Un autre mécanisme qui pourrait être à l’origine de l’apparition du PAP : Les contractions musculaires pourraient augmenter le potentiel d’excitation dans la moelle épinière résultant en un recrutement accru d’Unités Motrices. Cette excitation pourrait durer plusieurs minutes, ce qui augmenterait artificiellement les potentiels post-synaptiques qui conduisent à l’augmentation de la génération de force (4).

Toujours en gros résumé, au lieu d’utiliser un variateur d’intensité pour allumer une lampe, on utilise un simple interrupteur on/off, permettant l’arrivée du courant, quoiqu’il arrive.

En marge de l’amélioration de la performance, une notion de fatigue est rapidement apparue : le coach doit trouver le temps de récupération adéquate entre le stimulus PAP et la performance sportive. En effet, le PAP est maximal immédiatement après le stimulus et se réduirait 10-15 minutes après son déclenchement (5, 6). Ce stimulus semble être optimal par application d’efforts compris entre 5 et 10 secondes (6). La fatigue, ne semble pas empêcher la capacité accrue du muscle, mais son expression sportive, puisqu’il a été montré qu’après une récupération de 10 secondes suivant un stimulus induisant un PAP, le PAP existe (évalué par réponse contractile), mais sa démonstration (vitesse angulaire et puissance crête) n’a pu être faite (7).

Dans le cadre des données contradictoires, nous avons des études montrant une amélioration des hauteurs de sauts après des contractions isométriques volontaires maximales (4) ou après des demi-squats à la charge maximale (8).  Pour le haut du corps, des gains de 4,5% de puissance au DC ont été observé après 6 répétitions à 65% du 1RM (9). Une amélioration a également été observée après 3 répétitions au 3RM toujours au DC (10). De même, il semblerait que la PAP puisse être induit par des exercices utilisant l’isométrie maximale (4, 19).

A l’inverse, de nombreuses études contredisent ces résultats. Certaines n’ont donné aucune augmentation significative sur la hauteur d’un saut après des exercices de quart de squat en sous maxi : 90% 1RM (11), ni après des squats complets à 5RM (12). Pour le haut du corps, une potentiation de 5 répétitions avec le 5RM n’a provoqué aucune amélioration (13, 14).

Afin d’élucider ces études contradictoires, il a été montré une forte corrélation entre le type de fibres d’un muscle et sa potentialisation, sous-entendu que les fibres les plus rapides sont les plus aptes à potentialiser (15).

De la même manière, la majorité des études examinant l’effet du PAP sur la performance sportive ont rapporté des effets positifs lors de l’utilisation des poids lourds avant des mouvements explosifs tels que les sprints courts, sauts verticaux, ou des sauts de force explosive (16, 17,18).

Enfin, d’un point de vue préparation à un geste sportif simple (saut, shoot au volley ou basket, etc.) la pliométrie en guise de PAP semble donner de bons résultats dans un but de coordination et de synchronisation entre différents groupes musculaires (20, 21).

Apport des études

En lisant l’ensemble des études citées au début du présent article, nous retrouvons l’ensemble des informations déjà connues, avec quelques précisions.

La Potentiation par Post Activation est un savant mélange d’intensité (charge), de durée  de l’effort et de la récupération. Ainsi, les effets de la Potentiation doivent être supérieurs aux méfaits de la fatigue pour que les deux courbes d’évolution se croisent et permettent un surplus de potentialité lorsque la fatigue disparaît. L’ensemble des études montrent une utilisation de charges très importantes sur des durées très courtes (donc entre 6 et 10 secondes), permettant des récupérations métaboliques quasi-complètes au terme d’une durée de 5 à 10 minutes pour les plus entraînés, d’une durée de 15 à 20 minutes pour les moins entraînés. Les EMG définissant la PAP potentielle (au travers de la Contraction Maximale Volontaire isométrique = MVCiso) montre une annulation du potentiel à partir de la 10ème minute. La question, pour les loisirs, pourrait-être de savoir sur le PAP induit après les 10 minutes correspondent à un PAP, ou plutôt à un échauffement d’une intensité suffisante. En effet, les chiffres EMG du potentiel induit avec une MVCiso, pour une  potentiation à 70% du maximum chez des athlètes loisirs, montre un delta immédiatement après la stimulation, puis toutes les minutes de 80%, 18%, 12%, etc. jusque 0% à la dixième minute. La fatigue induite doit donc être ciblée de manière à être inférieure à la Potentiation dans les 10 minutes suivant la stimulation.

Ainsi, le PAP est très ciblé pour les sports nécessitant une forte explosivité, force et/ou coordination. L’exercice de performance semble donc devoir être soit explosif (sauts, lancers explosifs et/ou lors, sprint s courts (course ou nage inférieures à 1 minute), sports mêlant force/explosivité et précision tels que les sports de balles sur terrains réduits, les sports de combat, etc.

Dans cette catégorie de sport, les athlètes les plus performants dans leurs disciplines et dans les exercices utilisés à produire à la Potentiation seront ceux qui en retireront le plus de bénéfices. Pourquoi ? Il existe un seuil d’intensité au-delà duquel la potentiation n’a plus d’effet. Ainsi, lors de l’échauffement au lancer de poids avec des jets verticaux en surcharge, la Potentiation impliquera des efforts trop importants (induisant une fatigue trop grande). Il est à noter que cette étude applique une même amplitude quelques soit la charge utilisée, impliquant un déploiement d’effort plus important pour une même durée de travail.

Dans cette logique, l’application d’un PAP ne semble pas devoir suivre une règle fixe, mais plutôt une nécessité de personnalisation complète pour chaque athlète. Personnalisation tant en termes d’intensité, de durée, de récupération mais également d’exercices à produire (les exercices doivent être choisis parmi ceux où l’athlète est réellement performant).

Néanmoins, l’augmentation momentanée du potentiel de performance musculaire n’est pas la seule donnée intéressant la réussite. La coordination est en effet partie intégrante de la force, de la vitesse, de la détente. Les études observant les effets de la pliométrie nous indiquent qu’elle pourrait induire un surplus de performance en apportant une potentiation coordinatrice. En effet, de manière empirique, les préparateurs physiques ont observé de possibles pertes de coordination chez certains athlètes après usage d’exercices lourds. La pliométrie ne produisant pas de baisse de potentiel en usage PAP, mais produisant une adaptation forte de coordination lorsqu’elle est adjointe à des exercices de force (22), il semble possible de palier au risque de perte de coordination de la PAP par exercices maximum grâce à elle.

Ainsi, le PAP n’est pas uniquement une amélioration directe de la performance (augmentation du potentiel de vitesse ou de force par exemple), mais potentiellement une amélioration d’un maintien d’un niveau. Ainsi, pour notre sport, le CrossFit, nécessitant souvent des durées et intensités comprises entre 2 et 8 minutes (succession d’efforts intenses et brefs sur des périodes fixes), en fonction des exercices opérant la Potentiation, l’athlète peut améliorer sa performance immédiate (début du WoD) au détriment de la durée (choisi stratégique, notamment avec de la pliométrie seule), maintenir sa performance usuelle, mais abaisser ses indicateurs de fatigue (Fréquence Cardiaque durant l’effort) permettant de maintenir le même niveau de performance (Charges lourdes + pliométrie).

Comme nous le voyons, la Potentiation nécessite non seulement une personnalisation extrême (et une remise à jour permanente de cette personnalisation pour suivre le niveau de l’athlète), mais également un choix déterminant en fonction de la stratégie du match ou du sport pratiqué.

Base de connaissance résultante

Les informations sur les causes de l’apparition du phénomène de Potentiation par Post Activation n’ont donc pas été étudiées précisément, ne remettant pas en cause les connaissances à ce sujet, présentées précédemment. Néanmoins, en observant les études touchant la pliométrie seule ou juxtaposée à des exercices lourds nous incite à penser que les 2 causes potentielles de la potentiation (sensibilisation des couples actines/myosines au Calcium, élévation du potentiel du SNC) peuvent être partie prenante dans cette dernière.

L’observation, sur le terrain, de potentiels de coordination d’athlètes après une potentiation avec des charges lourdes nous incitent à penser à l’élévation du potentiel nerveux que le corps n’arrive pas à maîtriser. La pliométrie, par la vitesse d’exécution et la coordination induite, peut aider l’athlète dans la gestion de ce surplus de performance potentielle.

Ainsi, il en résulterait qu’une possibilité de potentiation ‘uniforme dans sa réflexion’ mais ‘personnalisée dans sa mise en pratique’ serait d’exécuter une potentiation avec des charges lourdes, puis des exercices de pliométrie spécifiques à la pratique sportive pour remettre l’échauffement ainsi amené ‘dans le geste’.

Du point de vue de la mise en pratique, 2 possibilités différentes semblent naître. La première, utilisée généralement sur les stades, est l’utilisation d’une charge très importante, suivie d’une période de repos avant l’exécution de la performance. La seconde, moins traumatisante, correspondrait à l’usage de l’isométrie qui induirait une Potentiation plus importante, permettant des temps de repos plus important entre le stimulus et la performance (entre 8 et 12 minutes).

Pour la première solution, dynamique, l’usage de charges proches du maximum semblent la norme (entre 85 et 95% du 1RM) avec des amplitudes pouvant être maximales ou partielles. Toutefois, l’usage de mouvements partiels semble induire moins de fatigue et permettre ainsi une plus grande chance de voir les courbes se croiser (PAP et Fatigue).

Pour la seconde solution, l’isométrie, les études se sont focalisées sur l’usage comparatif entre le dynamique (concentrique, excentrique, exc./con.) et l’isométrique avec des charges équivalentes. L’avantage semble être pour l’isométrie. Néanmoins, l’absence de tests avec des charges isométriques plus importante est un manque important (la valeur maximale isométrique étant à environ 110% de la valeur dynamique selon Cometti).

La répartition des bénéfices du PAP entre les athlètes experts et les athlètes loirs semblent réelle, montrant un bénéfice largement meilleur de la Potentiation pour les athlètes experts par rapport aux amateurs. Néanmoins, l’absence de baisse de performance des amateurs montrent qu’il pourrait y avoir une solution de production de PAP pour eux. Reste le dosage à trouver.

Enfin, la gestion personnalisée semble de mise pour tous les athlètes, quel que soit le niveau de ces derniers. La minutie à apporter dans ce domaine apparaît comme prioritaire par rapport au reste des informations liées à la Potentiation. Cette personnalisation sera liée à l’expertise de l’athlète dans son activité, dans l’exercice utilisé pour induire la Potentiation, dans les charges à utiliser et enfin dans le temps de récupération nécessaire pour voir apparaître le surplus de performance.

De tout ceci, nous pouvons commencer à réfléchir sur les causes du PAP du point de vue des exercices, amplitudes et charges.

En effet, les différentes études menées sur les exercices dynamiques montrent que la charge doit être proche du maximum de l’athlète pour le mouvement (maximum aléatoire, donc à évaluer régulièrement) pour induire le maximum de PAP. L’objectif du PAP étant d’induire l’intensité la plus haute possible, la recherche de l’exercice, pour chaque athlète, induisant cette intensité maximale doit être la priorité. Ainsi, il pourrait être intéressant de monter le niveau d’un athlète sur un exercice de manière à lui permettre une expertise importante sur celui-ci, lui donnant ainsi la possibilité d’atteindre des charges de haut niveau (l’objectif serait ici de mettre en pratique la véritable intensité absolue et non se contenter d’un maxi ponctuel ; l’expertise d’un athlète sur un exercice induisant sa capacité à supporter des charges de plus en plus importantes). Une fois l’exercice obtenu, la recherche de la charge de travail (induisant le plus d’intensité mais en même temps en limitant la fatigue) serait la seconde étape. Cette recherche semble être permanente. À partir de cette charge, l’amplitude et le nombre de répétitions doivent être évalués pour induire le minimum de fatigue. L’usage de la réduction de l’amplitude semble le plus bénéfique. Des durées inférieures à 10 secondes sont nécessaires (pour ne pas dépasser la filière anaérobie alactique). En effet, au-dessus de cette durée, la force immédiatement disponible chuterait drastiquement, engendrant une baisse du PAP potentiel, mais augmenterait aussi la durée de récupération nécessaire.

Lorsque le Coach a établi le protocole de la Potentiation, il convient de se pencher sur l’utilisation de cette dernière. En effet, élever le Potentiel est ce que l’on recherche sur l’échauffement. Mais la capacité d’utilisation dans le sport est l’objectif réel de l’athlète. Une ‘redynamisation’ semble nécessaire. Le moyen de la pliométrie semble le plus adéquate dans cet optique. En utilisant les connaissances sur la pliométrie (22),  nous pouvons réduire les risques immédiats liés à cette activité. En effet, dans un cycle lourd-pliométrie, les intensités nécessaires à la mise en place de la coordination et de l’usage des bénéfices des charges lourdes semblent pouvoir être réduites au minimum. Ainsi, à la suite de l’exercice à très haute intensité de stimulus, l’athlète effectuera des répétitions pliométrique spécifiques (liées à son activité sportive), d’une intensité faible mais utilisant une coordination, une agilité proche du geste à produire durant la compétition ou l’entraînement.

Enfin, la partie travail étant mise en place, il conviendra de finaliser l’optimisation de l’échauffement au travers des temps de récupération.

En effet, l’échauffement à but de Potentiation n’est pas une succession d’exercices visant à travailler à l’amélioration de qualités neuromusculaires. L’objectif est de potentier au maximum avec le minimum de fatigue, de manière à bénéficier du meilleur ratio PAP/Fatigue possible. Dans cette objectif, il conviendra de na pas créer de fatigue cumulée entre l’exercice lourd et l’exercice pliométrique, donc récupérer à minima pour produire un effort anaérobie alactique réel (et non travailler sous anaérobie lactique, augmentant le temps de récupération nécessaire). Selon R. Ziane (23), 50% de la resynthèse en ATP (exercice alactique) se reconstitue dans les 25 premières secondes suivant l’exercice, 75% après 1 minute et 90% après 3 minutes. La durée de récupération entre l’exercice lourd et la pliométrie sera donc fonction de la capacité de l’athlète à utiliser de lourdes charges, mais également lié à la durée du stimulus. Une solution semble ici se dessiner (à valider) pour les athlètes les moins performants : l’usage de série lourdes à répétition unique avec 25-30 secondes de récupérations entre chaque, permettant d’augmenter le niveau de la charge (par exemple 95% du 1RM au lieu de 85%) sans créer de fatigue supplémentaire à une série complète de 6 secondes.

La question finale arrivant à la suite de l’exercice de pliométrie est quel sera le temps de récupération entre la performance et la pliométrie. Doit-on prendre en compte, du fait de la faible intensité de la pliométrie, la récupération à partir de l’exercice lourd ou à partir de l’exercice de pliométrie ? L’exercice anaérobie alactique, quelle que soit sa durée, enclenche la filière anaérobie lactique. Ainsi, la création d’une dette d’oxygène, de dégradation de l’ADP en AMP, etc. existe. La reconstitution des stocks cellulaires en ATP, ADP et CP prendra environ 8 minutes (proximité du 100%). Cela n’implique pas une reconstitution des stocks centraux en glycogène bien sûr. Ainsi, quelle que soit l’intensité du stimulus pliométrique, à la fin de sa pratique il sera nécessaire de reconduire la récupération à partir de là.


MISE EN PRATIQUE

Public(s) visé(s)

Sportifs de niveau avancé, pratiquant des sportifs de force, vitesse et détente sur des durées courtes (inférieures à 1 minute).

Procédure(s) d’utilisation

Ainsi, nous arrivons à un schéma assez simple de mise en pratique de l’échauffement à but de PAP :

  • Exercice proche du maxi (entre 6 et 10 secondes) en une fois ou en répétitions cumulatives espacées de 25-30 secondes.
  • Récupération de 1 à 3 minutes selon l’intensité du stimulus, du niveau du pratiquant et de l’état de forme de l’athlète.
  • Exercice pliométrique de faible intensité, directement lié au geste sportif. La durée cumulative semble être la même que pour l’exercice lourd (filière anaérobie alactique), mais permettant une durée légèrement plus longue du faible de la faiblesse de la charge.
  • Récupération complète (8 à 12 minutes selon le niveau de l’athlète et  son état de fatigue).
  • Performance sportive.

L’usage des charges maximales (ou quasi) de l’amplitude complète semble être la norme empirique, avec une exécution partielle pour induire le minimum de fatigue. De là, nous observons une meilleure possibilité avec l’isométrie (la parcellisation absolue d’une amplitude complète). Les différences de résultats de Potentiation liées à l’isométrie pourraient provenir du choix des angles de travail en fonction des gestes sportifs à venir. Ainsi, la dynamisation pliométrique suivant cette potentiation pourrait ‘shunter’ cette problématique (à valider par une étude ou de manière empirique).

La recherche d’un exercice préférentiel durant les phases d’entraînement semble être une bonne solution pour augmenter le potentiel de l’athlète sur cet exercice et ainsi en retirer tous les bénéfices durant la mise en place de la Potentiation par Post Activation.

L’implication de la Potentiation doit donc se faire en amont de la compétition, par la mise à jour continue, athlète par athlète, des possibilités sur l’exercice donnée en termes de technique (amplitude), de charge (performance) et de récupération (condition physique).

Apport(s) attendu(s)

Dans l’optique d’une Potentiation pour des gestes sportifs complexes (course à pied, nage, lancers, etc.) par rapport à des exercices de musculation classiques, l’effet de Potentiation sera directement lié à la capacité de l’athlète à développer une force importante sur ledit exercice. Néanmoins, les retours d’expériences montre des effets potentiels allant jusqu’à 4.5% de gains immédiats. Même si cela semble faible, ces gains correspondront, pour le 100m, à quasiment une demi-seconde (0.4 pour les hommes, 0.5 pour les femmes).

DISCUSSION

De manière à réduire l’effet de la fatigue, nous avons observé qu’il convenait de limiter les amplitudes pour une charge donnée. La réduction de cette amplitude, dans les différentes études existantes, correspond à des moitiés de mouvement. Aucune étude ne travaille sur des partiels autres que cette moitié (et souvent moitié favorable au niveau biomécanique).

La parcellisation ultime est l’isométrie. L’isométrie montre des bénéfices importants dans le PAP. L’isométrie volontaire maximale, d’après Cometti, correspond à 110% du maximum dynamique sur un mouvement. Ces 110% du 1RM sont fonction de l’angle de travail. Ainsi, sur une amplitude complète, le 1RM est nettement plus faible que pour une amplitude réduite dans sa portion ‘favorable’ du point de vue biomécanique. Ainsi, en fonction de l’angle de travail pour l’isométrie, les 110% du RM pourront être modifiés en 150, 200 voire 250% du 1RM en amplitude complète. Il s’agit d’une technique spécifique de surcharge, appelée Static (24) ou isométrie supra-maximale (Vouillot).

La Static, dans ses angles favorables, permettant des intensités de stimulus hors normes, doit pouvoir être une solution d’augmentation de l’intensité de l’exercice potentialisant. Il pourrait peut-être permettre aussi une élévation des bénéfices du PAP pour les loisirs, puisque après une phase d’adaptation (durant l’entraînement), les intensités utilisables sont très nettement plus élevées que les intensités de mouvement (souvent liées à une spécialisation, une technicité importante de l’athlète).

Élargissement, perspectives

La potentiation, durant une compétition, est un élément très important qu’il convient d’utiliser pour permettre aux athlètes d’élever leurs performances sur des sports ayant des durées cumulées d’exécution inférieure à une minute. Les possibilités matérielles sur les stades seront la limite à cette pratique.

Par contre, il conviendrait de réfléchir à la possibilité d’utiliser la potentiation durant les entraînements dont les processus utilisent cette filière anaérobie alactique (voir lactique). Elle permettrait notamment une élévation de potentiel sur les premiers moment de l’entraînement, tirant ainsi vers le haut le potentiel de l’athlète, potentiel qui devra être optimiser par le travail de capacité et de puissance suivant cette courte période de sur-compétence.

Ainsi, les effets pourraient être doubles :

  • Augmenter le potentiel de l’athlète sur les premiers moments de l’entrainement pour augmenter les charges de travail et ainsi améliorer directement les qualités de force, de vitesse, de détente.
  • Augmenter le potentiel de l’athlète sur les premiers moments de l’entraînement pour réduire, à charge égale, la fatigue de ces premiers moments, permettant de conserver une puissance sur une durée un peu plus longue.

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(17) McBride, JM, Nimphius, S, and Erickson, TM. The acute effects of heavy-load squats and loaded countermovement jumps on sprint performance. J Strength Cond Res 19: 893–897, 2005.
(18) Weber, KR, Brown, LE, Coburn, JW, and Zinder, SM. Acute effects of heavy-load squats on consecutive squat jump performance. J Strength Cond Res 22: 726–730, 2008.
(19) Babault, N, Maffiuletti, N, and Pousson, M. Postactivation potentiation in human knee extensors during dynamic passive movements. Med Sci Sports Exerc 4: 725–743, 2008.
(20) Fatouros, IG, Jamurtas, AZ, Leontsini, D, Taxildaris, K, Aggelousis, N, Kostopoulus, N, and Buckenmeyer, P. Evaluation of plyometric exercise training, weight training, and their combination on vertical jump in performance and leg strength. J Strength Cond Res 14: 470–476, 2000.
(21) Myer, GD, Ford, KR, McLean, SG, and Hewett, TE. The effects of plyometric versus dynamic stabilization and balance training on lower extremity biomechanics. Am J Sports Med 34: 445–455, 2006.
(22) Bême Sébastien, Juillet 2011: la pliométrie .
(23) Rachid Ziane – Physio n°6, Les filières énergétiques.
(24) Bême Sébastien – Le Static tome1 – nouvelle technique d’entraînement – Janvier 2011.

Et entre temps, Fuck your Genetic, Train Hard !


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