L’influence des exercices chez les femmes
ÉTUDES UTILISÉES
Exercise does not influence myostatin and follistatin messenger rna expression in young women.
JENSKY and coll.(2010)
Journal of Strength and Conditioning Research 24(2)/522–530
ABSTRACT
L’entraînement avec des charges (musculation) entraîne, chez les hommes, des adaptations au niveau de la transcription de certains facteurs génétiques tels que la myostatine et la follistatine. Cette transcription permet une élévation de la réponse hypertrophique des muscles squelettiques. Ces facteurs sont prédominants sur les exercices excentriques (par rapports aux exercices concentriques), en utilisant des machines isocinétiques.
L’objet de l’étude utilisée était de vérifier la même corrélation chez la femme. Pourquoi ? La testostérone, facteur important pour l’homme dans la régulation de la masse musculaire, présente une sécrétion endogène d’environ 10% chez la femme, réduisant cette hormone à un rôle accessoire sur l’hypertrophie de féminine, laissant supposer un rôle plus important de ces facteurs de transcription.
En effet, le taux ‘normal’ de myostatine bloque l’activation et la différenciation des myoblastes et des cellules satellites (matière première à la régénération des fibres musculaires) en désactivant le facteur de transcription que sont les Myf5 et MyoD. L’entraînement provoque, chez l’homme, une augmentation de la follistatine, réduisant ainsi le taux de myostatine active, permettant donc la transcription des Myof5 et MyoD. Ceci est plus visible après des exercices excentriques que concentriques.
Ainsi, la présente étude visait à vérifier l’impact des entraînements de résistances sur les facteurs génétiques et ainsi arriver à trouver une cible dans l’établissement des entraînements féminins.
À partir de biopsies effectuées sur les sujets pratiquants différents types d’entraînement (Excentrique, concentrique), les facteurs de transcriptions que sont la myostatine et la follistatine n’ont pas variées significativement. Par contre, les facteurs, directement liés à l’activation et la différenciation des myoblastes et des cellules satellites, sont quant à eux fortement augmentés pour le protocole excentrique (MyoD notamment) après la première séance (pas après le protocole complet).
Ainsi, en sachant que la myostatine est un facteur de transcription assez spécifique aux fibres de type II et que les hommes possèdent une proportion plus importante de fibres de type II que chez les femmes (7), les auteurs émettent 2 hypothèses intéressantes :
- Les fibres de type II réagissent différemment que pour les fibres de type I (notamment les fibres de type II pourraient être plus réactives aux entraînements de type excentrique).
- Les marqueurs d’adaptation (telle que la myostatine) auraient des rôles différents chez l’homme et la femme.
En reprenant le principe d’inversion de l’ordre de recrutement des fibres en mode excentrique, nous pouvons supposer (sans écarter la proposition 2 faute d’informations complémentaires) que la proposition 1 reflète assez bien la réalité.
Ceci est corroboré par les données supplémentaires fournies par les auteurs : la tendance (à partir des données personnelles et non des données globales) va vers une baisse de la transcription de la myostatine pour le groupe Concentrique ; ce qui va à l’opposé des résultats chez l’homme.
PUBLIC VISE
Pratiquants recherchant une prise de masse musculaire (genre féminin prioritairement, masculin accessoirement).
MISE EN PRATIQUE
Lors des entraînements à but de prise de masse musculaire, la question du choix de la méthode d’entraînement en fonction des sexes des pratiquants devient fondamentale.
Nous savons déjà que les hommes réagissent mieux aux régimes de contraction excentriques par rapport aux régimes concentriques par l’abaissement de la transcription de l’Arn de la myostatine, permettant ainsi la relance du processus d’activation et de différenciation des cellules satellites dans le but de renforcer et/ou d’hypertrophier l’appareil musculaire sollicité.
Nous savons également que ce type d’entraînement chez l’homme n’est pas suffisant pour une adaptation permanente. En effet, l’usage de tous les régimes de contraction est nécessaire.
Au regard de l’étude fournie par les auteurs, nous pouvons supposer les régimes de contraction concentrique pourraient bénéficier en priorité aux cellules de type I alors que les exercices de type excentrique bénéficieraient, quant à eux, aux fibres de type II.
Sachant que les femmes possèdent un plus grand pourcentage de fibres de type I que les hommes, nous pouvons en déduire que l’objectif d’adaptation de leurs muscles (et en particulier l’hypertrophie) pourraient être prépondérant avec des exercices de type concentrique.
Une modération semble se dessiner à la lecture du protocole d’entraînement. En effet, ce dernier est effectué à partir d’un entraînement à forte intensité (en utilisant le 1RM des pratiquants), intensité rarement utilisée lors des entraînements à but hypertrophique, et plus particulièrement chez les femmes.
Ainsi, en sachant que l’orientation typologique des cellules satellites se fera en fonction de l’activité nerveuse (l’exercice et son intensité définiront le type de modification sur les fibres musculaires et notamment les modifications des têtes de myosine et des protéines régulatrices), nous pouvons espérer que les fibres sollicitées progresseront vers une typologie de type IIb puis IIa. À ce moment-là, la question sera de savoir si les fibres musculaires féminines réagiront toujours comme dans l’étude ou s’il y aura adaptation : le muscle, possédant alors une répartition plus favorable aux fibres de type II, nécessitera-t-il des mêmes stimuli que pour leurs homologues masculins.
Public(s) visé(s)
Pratiquants recherchant une prise de masse musculaire (genre féminin prioritairement, masculin accessoirement).
Procédure(s) d’utilisation
Pour les entraînements, concrètement, cela signifie que les athlètes féminines, recherchant une prise de masse, pourraient bénéficier d’un meilleur résultat en orientant l’entraînement vers les régimes de type concentriques.
Cette orientation permettraient d’orienter l’hypertrophie attendue vers les fibres de type I que l’on retrouve en plus grande proportion chez elles que chez leurs homologues masculins.
Parallèlement, pour les hommes et les femmes, si nous prenons l’hypothèse que l’entraînement à connotation concentrique oriente l’adaptation des fibres lentes, il conviendra également de prendre en compte leurs spécificités énergétiques à savoir une grande proportion de mitochondries et donc une capacité de récupération beaucoup plus importante. L’orientation sera donc sur des récupérations permettant une plus grande accumulation de métabolites glycolytiques (récupérations faibles de type 1 à 2 minutes).
Apport(s) attendu(s)
Indépendamment des informations précédentes, il conviendra de conserver à l’esprit qu’un plan d’entraînement nécessite des changements réguliers tant dans les volumes et intensités que dans la méthode et les exercices appliquant cette méthode. En effet, l’adaptation nerveuse (orientant le devenir des fibres musculaires) se produit assez rapidement, nécessitant des changements permanents pour que celle-ci ne stagne pas (voir régresse).
Dans cet esprit, il reste en suspens la validation de l’étude ayant servi de support (seule étude ayant recherché ces informations) en modifiant les postulats (niveau des pratiquants, variation des intensités et des volumes d’entraînements) afin de préciser la mise en pratique réelle pour permettre une efficacité optimale dans les entraînements des athlètes féminines.
MOTS CLÉS
Myostatine, Follistatine, MyoD, Cellules satellites, excentrique, concentrique, féminine, entrainement, hypertrophie, prise de masse.
LECTURES SUGGEREES
JENSKY and coll. (2010) exercise does not influence myostatin and follistatin messenger rna expression in young women. J Strength Cond Res 24(2)/522–530.
- Clarkson, PM and Hubal, MJ. Exercise-induced muscle damage in humans. Am J Phys Med Rehabil 81: S52–S69, 2002
- Colliander, EB and Tesch, PA. Effects of eccentric and concentric muscle actions in resistance training. Acta Physiol Scand 140: 31–39, 1990
- Costa, A,Dalloul,H,Hegyesi,H, Apor, P, Csende, Z, Racz, L, Vaczi,M, and Tihanyi, J. Impact of repeated bouts of eccentric exercise on myogenic gene expression. Eur J Appl Physiol 101: 427–436, 2007
- Kim, JS, Petrella, JK, Cross, JM, and Bamman, MM. Load-mediated down-regulation of myostatin mRNA is not sufficient to promote myofiber hypertrophy in humans: A cluster analysis. J Appl Physiol 103: 1488–1495, 2007
- Rios, R, Carneiro, I, Arce, VM, and Devesa, J. Myostatin is an inhibitor of myogenic differentiation. Am J Physiol Cell Physiol 282: C993–C999, 2002
- Matsakas, A, Bozzo, C, Cacciani, N, Caliaro, F, Reggiani, C, Mascarello, F, and Patruno, M. Effect of swimming on myostatin expression in white and red gastrocnemius muscle and in cardiac muscle of rats. Exp Physiol 91: 983–994, 2006
- Bamman, MM, Hill, VJ, Adams, GR, Haddad, F, Wetzstein, CJ, Gower, BA, Ahmed, A, and Hunter, GR. Gender differences in resistance-training-induced myofiber hypertrophy among older adults. J Gerontol 58: 108–116, 2003
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